Qu’est ce qu’une Liste Citoyenne ?

« La dénomination Liste Citoyenne et Participative apparaît avec les élections municipales de 2020. Elle est sous tendue par l’idée d’une inclusion citoyenne dans les politiques locales et estampille des arrangements électoraux pluriels et protéiformes. Si la citoyennisation des listes s’apparente à une stratégie qui peine à masquer des recyclages partisans, d’autres procédures et processus laissent entrevoir de réelles transformations et transitions démocratiques qui augurent d’un municipalisme à la française.

Elles sont reconnaissables par une appétence procédurale et par une profusion d’expérimentations méthodologiques. Des modes de faire autrement sont manifestes à trois niveaux : fabrique citoyenne du programme, modes de sélection des candidat·es sophistiqués, engagement en faveur d’une action publique plus collaborative incluant des formes de démocratie directe en cas d’élection. Ici le programme est construit avec les habitant·es, et mobilise des modes de faire campagne − ludiques, artistiques, numériques− dans l’espace public. Les candidatures sont issues du tirage au sort, de la co-désignation, d’élections sans têtes de listes et de listes sans candidat·es. Les décisions sont prises au consentement, au jugement majoritaire, à main levée, en ligne. Il en ressort de nouveaux profils de candidat·es et d’élu·es avec une forte tendance au rajeunissement, notamment féminin. L’engagement en faveur d’une action publique plus collaborative, horizontale et éthique, et le recours à des outils de démocratie directe est un élément phare qui guide ce troisième type de LCP. Référendum d’initiative citoyenne, reconnaissance du droit d’interpellation, contrôle citoyen de l’action publique, révocabilité des élu·es, non-cumul des mandats, transparence, ces engagements sont inscrits dans des chartes éthiques et déontologiques co-signées par les candidat·es, dont Anticor, mais pas exclusivement. L’engouement méthodologique laisse à penser que les transformations démocratiques souhaitées par ces LCP transitionnelles sont envisagées par le prisme des instruments. La question du comment prime parfois sur celle du pourquoi au détriment du sens politique. Cet intérêt pour les dispositifs et les méthodes risque de mener vers un gouvernement de et par les instruments. Le primat donné aux formes peut aboutir à une homogénéisation des modes de faire, à une forme de prêt à penser transitionnel qui peut parfois frôler le fétichisme de la technique ou la panoplie du bon élève de la transition démocratique communale. Cette spécificité française (Dau, 2020) trouve son explication dans la présence en France d’organismes de formations aux outils d’ingénierie participative, d’intelligence collective et d’éducation populaire, qui accompagnent et parfois impulsent les processus de transition démocratiques (Mazeaud et Nonjon, 2018). Elle témoigne des conditions sociales particulières du développement d’un municipalisme à la française.
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